Les traditions l’ont toujours magnifiée, ce qui semble à peu près certain, c’est qu’elle a dirigé un groupe de brigands, qui auraient attaqué et pillé de nombreuses caravanes et comptoirs de la région située du Sénégal jusqu’aux frontières de la Mauritanie et de la Guinée actuelles.
Selon le Professeur Moradil qui a passé une bonne partie de sa vie à compiler les légendes orales et les rapports des compagnies coloniales du 18ème siècle elle aurait vécu à la fin de cette période, entre 1740 et 1820. Certaines lettres diplomatiques faisant état de plaintes sont conservées aux archives de Rouen, adressées aux gouverneurs des compagnies Africaines Françaises, elles demandent souvent des renforts armés ou des Fonds afin de lever des mercenaires pour combattre « la sauvageonne, la sorcière des sables, la méchantes négresses, la flibustière des dunes, la maure armée », les contes oraux Sénégalais la nomme de nom plus bienveillant, M’Bissine ou Blissine, La Reine Juste, La Morale ou la libératrice, ce qui prouveraient selon les recherches de Moradil que celle-ci attaquait et libérait les convois d’esclaves, qui s’engageaient ensuite dans ses troupes.
En 1778 une lettre du gouverneur de Port Louis fait état du siège de son fort durant 3 lunes par une armée commandée par une négresse. Vaincu, il finit par libérer une centaine d’esclaves qui devaient être embarqué pour les Amériques. Le gouverneur cite « la grande beauté de cette dame noire quasi nue, dont les soldats se sont montrés, justes et loyaux, ne touchant en rien et n’emportant que le tribu réclamé pour lever le siège, à nul commandant je n’aurait accordé plus sublime et noble victoire que cette femme splendide ».
En 1765 déjà, une doléance conservée au muséum maritime de Bordeaux, répertorie les plaintes des négriers et compagnies négrières, mais aussi des check et autres chefs de tribus. Manifestement son armée fut suffisamment importante pour bouleverser pendant plus d’une quinzaine d’années tout le commerce de la région et limiter les implantations coloniales comme l’atteste la correspondance du ministre des affaires coloniales qui préfère dépêcher les compagnies vers « les terres au delà du Sénégal eu égard aux agissements de la Guerrière négresse et des ses scélérats ».
En 1765 déjà, une doléance conservée au muséum maritime de Bordeaux, répertorie les plaintes des négriers et compagnies négrières, mais aussi des check et autres chefs de tribus. Manifestement son armée fut suffisamment importante pour bouleverser pendant plus d’une quinzaine d’années tout le commerce de la région et limiter les implantations coloniales comme l’atteste la correspondance du ministre des affaires coloniales qui préfère dépêcher les compagnies vers « les terres au delà du Sénégal eu égard aux agissements de la Guerrière négresse et des ses scélérats ».
Dans son très beau livre « Abissine, l’éthique sauvage » de l’historien Moustapha Diakhoumpa, on découvre aussi tous les récits et poèmes liés à la légende de cette femme, on va en faire la maîtresse ou la confidente de certains rois, elle aurait aussi séduit des blancs, influant toujours le choix de ces hommes dans un but de clémence. Diakhoumpa fait le parallèle avec la symbolique de la vierge Marie, clémente face au jugement inflexible du père de son fils et des hommes. Une figure féminine maternelle et bienveillante.
Mais aussi la femme guerrière, féline et puissante, c’est une panthère « plus rapide et efficace qu’un homme » on vante ses qualités de combattante, mais aussi de chasseuse, elle est experte dans de multiples armes, « tuant un serpent à cents pas d’une seule flèche ».
Là aussi l’historien convoque certaines symboliques et surtout fantasmes. M’Bissine devient une femme libérée, vivant une sexualité magnifiée, ses guerriers la protègent et l’aime de l’amour des chevaliers du moyen âge pour « la dame du roi » secrètement sans jamais la désirer autrement qu’une icône. Elle est un chef respecté et craint, ses jugements sont justes et définitifs. On la dépeint sous la tente de grands checks qu’elle tutoie, à l’assaut de villes fortifiées en plein désert, découvrant le trésor des pharaons ou le saint graal.
Beaucoup de récits parlent des hommes qui l’ont désespérément aimé, se sont sacrifiés pour la sauver. Une petite littérature existe même sur sa descendance, on la dit aïeule de Chaka Zoulou, en un mot la légende s’est construite ensevelissant la M’Bissine historique.
Au tournant du 19ème siècle on va même nier son existence, ses divers cultes seront condamnés par un Islam et une chrétienté misogynes. Il faudra attendre le début et le milieu du 20ème siècle pour la redécouvrir telles ces statuettes enfouies dans les sables la représentant. D’abord dépeinte comme une déesse elle deviendra un symbole du féminisme puis, au 21ème siècles de véritables études la rendront à ce qu’elle n’a jamais cessé d’être ; simplement elle même.
Là aussi l’historien convoque certaines symboliques et surtout fantasmes. M’Bissine devient une femme libérée, vivant une sexualité magnifiée, ses guerriers la protègent et l’aime de l’amour des chevaliers du moyen âge pour « la dame du roi » secrètement sans jamais la désirer autrement qu’une icône. Elle est un chef respecté et craint, ses jugements sont justes et définitifs. On la dépeint sous la tente de grands checks qu’elle tutoie, à l’assaut de villes fortifiées en plein désert, découvrant le trésor des pharaons ou le saint graal.
Beaucoup de récits parlent des hommes qui l’ont désespérément aimé, se sont sacrifiés pour la sauver. Une petite littérature existe même sur sa descendance, on la dit aïeule de Chaka Zoulou, en un mot la légende s’est construite ensevelissant la M’Bissine historique.
Au tournant du 19ème siècle on va même nier son existence, ses divers cultes seront condamnés par un Islam et une chrétienté misogynes. Il faudra attendre le début et le milieu du 20ème siècle pour la redécouvrir telles ces statuettes enfouies dans les sables la représentant. D’abord dépeinte comme une déesse elle deviendra un symbole du féminisme puis, au 21ème siècles de véritables études la rendront à ce qu’elle n’a jamais cessé d’être ; simplement elle même.
Au contraire de la tradition, elle incarna le futur et la modernité, la femme libre et égale à l’homme, le rêve d’une humanité débarrassée de ses inégalités, un idéal furieusement actuel.