jeudi 23 juillet 2009

Antoine Jacquemin et Olivier Toulet.

En attendant la suite de Blanche, je vous présente Antoine Jacquemin et Olivier Toulet, qui joueront un rôle infime et secondaire dans l’album.

 

Antoine est né sans doute non loin de Bourges dans un petit hameau paysan entouré de marais. On sait très peu de chose sur lui, quelques registres indiquent qu’il s’est engagé top dans l’armée après un mariage tragique. Il aurait perdu sa femme enceinte, morte d’une fièvre infectieuse propagée par les moustiques qui pullulaient alentour à l’époque. Le chagrin, le désarroi l’ont sans doute poussé à quitter le pays. On note qu’il a participé à plusieurs batailles comme soldat fantassin, il incorpore la cavalerie, rêvant de monter il sera relégué au rôle de palefrenier. Il postule alors pour les colonies ou les règlements plus ouverts lui permettent sans doute d’avoir son propre cheval, on perd sa trace à son départ de Saint Malo.

 

Ce que l’on sait par contre c’est qu’Olivier Toulet rencontre Antoine Jacquemin dans une garnison cantonnée dans les Alpes bordant l’Italie, on ignore ce qui les rapprocha car apparemment les deux semblent, par la suite inséparables, les recherches de Guido Quinquilla sur les postes frontières Français au XVIII siècle indiquent plusieurs pistes de réflexions, d’une part, ces postes Frontières étaient loin d’être de tout repos ; outre les guerres et batailles qui sévissaient encore de temps à autre à ces endroits stratégiques, les trafics de contrebande et les brigands qui tentaient de passer les frontières rendaient les postes militaires très actifs et prompts aux interventions, Il est possible que les deux hommes se soient rendus inséparables lors d’escarmouches les ayant rapprochés, on imagine sans peine la valeur que pouvait représenter le camarade qui vous sauvait la vie. Nous avons encore moins d’information concernant Olivier, Eve Mornay professeur d’histoire de l’académie de Cherbourg (L’homosexualité au XVIIIe siècle, Fayard 1982) suppose quant à elle que le rapprochement des deux hommes fut causé en partie par l’homosexualité d’Olivier, à ces époques l’engagement dans l’armée ou les ordres religieux permettaient de fuir une situation civile intenable. On perd la trace d’Olivier à partir du 7 mai 1742 date de l’envoi d’une lettre à un certain Alexandre de Carnout depuis un port Espagnol.




Suzanne De Carnout.

Ou Suzanna Vasques De Loyolia. Cette jeune femme de caractère qui fit partie des premières humanistes femmes n’a laissé aucun écrit ni œuvres ayant pu témoigner de son existence. Tout au plus certain universitaires, l’ont-il croisé au détour d’une citation ou d’une mention dans une lettre d’un de ces nombreux amants.

 

On estime sa naissance vers les années 1720 mais certains pensent que c’est beaucoup trop tôt, des commentaires d’époque la décrivant, jeune femme déchaînée aux tribunes révolutionnaires Française. Son père est sans doute le Comte Alessandro Vasques, fils de la fameuse famille Vasques, grands commerçants portugais et négriers célèbres. Sa mère, la comtesse Alicia de Loyolia  l’envoie à l’age de 13 ans à Rome puis à 16 ans à Paris pour y poursuivre ce que l’on peut appeler aujourd’hui des études, bien qu’à l’époque, étudier pour une femme est un non-sens social. La jeune Suzanna va donc aller de salons en réceptions croisant ce que le beau monde intellectuel ; humaniste, libertins, poètes et scientifiques comptait à l’époque, elle va apprendre « les arts » c’est-à-dire la musique, la peinture, la poésie, mais aussi la littérature et les sciences naturelles, la chimie, la physique, la géographie et l’histoire.Maximo Inervo a, en 2003, fait une étude remarquable sur la présence des premières femmes humanistes dans les œuvres du XVIII siècle, pour lui et le groupe d’étude Italien qu’il représente, Suzanne (prénom francisé) serait présente dans plusieurs œuvres de Watteau et Poussin, dont elle aurait été l’amante, ainsi que de manière certifiée dans au moins 3 livres d’auteurs différents. Ce n’est pas très étonnant sachant qu’elle fréquentera toute la société Parisienne humaniste de l’époque, celle qui posera les préceptes des droits de l’homme. Les mauvaises langues et la morale catholique de l’époque la calomnieront jusqu’au Portugal, ou sa mère devra même faire intervenir le Cardinal Auristo Montevino pour calmer les rumeurs au sujet de sa fille. Certains salons où se rendait la belle ibérique, il est vrai, ne faisaient pas que palabrer. Libertine et humaniste elle va tout de même devoir se marier à 25 ans avec un Duc Français, Antoine ou Alexandre de Carnout. On perd sa trace peu après son mariage, elle aurait suivi son mari aux Indes ou ailleurs. On la retrouve à la révolution, jeune veuve, elle aurait pris part à certaines insurrections aux côtés des gens de la rue, beaucoup de chercheurs dont Pascal Ariboise du centre d’étude historique de Paris estime que ces histoires sont une légende. Ce dont on est sur par contre c’est qu’elle évita de justesse la guillotine, là aussi plusieurs thèses s’affrontent, d’un côté sa condamnation serait due à son rang social (hypothèse commune) et elle aurait évité l’exécution grâce à l’intervention du consul du Portugal. De l’autre une version plus romanesque mais non dénuée de fondement, prenant part aux luttes intestines qui suivirent la révolution, elle contesta ouvertement l’attitude de certains révolutionnaires qu’elle accusait de vouloir spolier le pouvoir au détriment « du tout pour le peuple » amante de Danton ou Mirabeau (suivant les versions) elle aurait été condamnée par jalousie et sauvée par amour, mais là encore plusieurs versions s’opposent sur les amants et jalouseurs, voir sur les amantes et les amitiés secrètes de royalistes déguisés. Après la révolution, elle serait retournée au Portugal ou se serait exilée en Amérique, il existe une littérature de fiction aux Etats-Unis datant de la fin du 18e qui serait inspiré par son personnage sauvant des Indiens dans la pampa en conquistador féminin, ce personnage d’aventurière est, bien entendu, totalement mythique pour la majorité des chercheurs.

Aucune autre trace à ce jour n’a été formellement attestée concernant La Donna Suzanna de Carnout.

Reste l’Odalie du poète Italiano Français Nestor Filo qui fut sans doute son dernier amant.


Je me suis fait violence de ton absence

Essayé de perdre jusqu’au souvenir de ton sillage

Battements de cils et de cœurs

Tes ondulations, ton habitation

Le regret de tes bras frais

Le lointain de ton regard

Tout cela me perd.

Ô ma Suzanne.

 

Nestor Filo.


Baron Augustin Philibert de Morteuil.


Nous allons tenter de faire une synthèse résumée des diverses études historiques plus ou moins rigoureuses qui ont été faites depuis la moitié du XIXe siècle à propos de ce fascinant et inquiétant personnage, qualifié par certains de « psychopathe du 18e ».

 

Augustin naît le 13 Janvier 1714 dans les environs de l’actuelle ville de Salers de Béarn. Son père, le  Baron Martial Antoine de Morteuil est l’homme le plus important de la région descendant d’une famille féodale qui règne sans partage sur la région, il détient l’exclusivité sur les productions agricoles et bovines des alentours et sa richesse est connue jusqu’à Versailles. « Il fait partie de cette Noblesse rugueuse aux ongles noirs qu’on moque à la cour mais que l’on respecte par l’argent sonnant. »

Sa mère, la Comtesse Elusine d’Hichenlisk est une descendante de l’illustre famille d’Autriche. Battue, violentée par son brutal époux, elle mourra alors qu’Augustin à 5 ans, emportée par une hémorragie interne due à une ultime crise de son épouvantable moitié. Ce dernier sera retrouvé pendu dans les bois couverts de fumier et de coups quelques années plus tard, sans doute torturé à mort par certains villageois ne supportant plus les brimades et autres droits de cuissage qu’il imposait encore aux jeunes mariés.

Une fois orphelin le jeune fils unique fut élevé par un précepteur mandaté par une obscure tante Parisienne.

Vers l’âge de 16 ans Augustin prend ses responsabilités au château ; et las, le personnel découvre qu’il est bien l’héritier de son père : tyrannique, méprisant, violent et insultant, il n’a de cesse de terrifier ses domestiques.

 

Les biographes s’entendent pour faire débuter officiellement l’activité criminelle du jeune notable avec l’assassinat atroce d’Aurélie Peuriet jeune fermière de 12 ans retrouvée nue, éventrée, dépecée et décapitée dans un bois. À l’époque, le jeune baron n’est pas inquiété.

On sait aujourd’hui que le jeune homme avait déjà montré des attitudes perverses et violentes avant ce prometteur début, notamment avec ses cousines. Une lettre du précepteur adressée à la tante en fait foi et un peu plus tard une voisine du château aurait aussi été « inquiétée » (archives judiciaires de Salers).

 

La région va donc connaître des années durant des crimes épouvantables : principalement de jeunes fermières retrouvées dans de macabres mises en scène en plein bois où dans des batisses isolées, mais aussi quelques jeunes garçons, des nouveaux-nés et un nombre impressionnant de disparus. Dans son étude très détaillée, l’étudiant américain passionné de « sérial killer » Andrew Nichols, tient un décompte précis et macabre. Selon ses recherches, le Baron : de 16 à 52 ans, date de son « arrestation » aura commis pas moins de 186 crimes ce qui ferait une moyenne de plus de 5 crimes par an, de nombreux chercheurs ont depuis émis des réserves sur ce qui est souvent considéré comme un travail d’adolescent « geek » passionné de macabre à défaut de rigueur scientifique. Il n’empêche que c’est le seul inventaire précis et détaillé que nous possédions à ce jour des activités du Baron criminel le « baron maudit ».

 

Le 27 Octobre 1766 un contingent de Cavaliers de la garde Royale arrive au château des Morteuil, contrairement aux premières enquêtes, on sait aujourd’hui que ce ne sont pas des soulèvements Béarnais contre le Baron maudit qui ont fait bouger les autorités Royales. Dans la région, les crimes étaient certes connus, mais à cette époque c’était au mieux « la bête du Béarn » au pire les sorcières ou les Bohémiens, il y’eu ainsi tout au long de ces 36 années maintes exécutions et pogroms contre tout ce que la populace considérait de nuisible et ayant à chaque fois comme prétexte ces odieux crimes.

Il faut rappeler qu’en cette deuxième moitié de siècle, la famine règne, les paysans et pauvres des villes, poussés à bout vont provoquer les crises que l’on connaît, crises, bien sur entretenues et dirigées par une bourgeoisie qui prendra le pouvoir à la noblesse. En attendant le roi est plutôt aux abois financièrement, le trésorier Royal ne sait où trouver des liquidités, on l’a vu plus haut le domaine de Morteuil à la réputation d’être riche. L’on pense aujourd’hui que le chahut de la région lié aux soupçons qui pèsent sur la culpabilité du Baron fut plus un prétexte que la véritable raison d’intervenir.

 

Le dernier crime fut un classique des criminels en série, si l’on en croit les experts qui se sont penchés sur ce cas, le sérial killer grisé par sa collection de crime et voulant que ses exploits soient enfin connus pour glaner la notoriété qui lui est légitimement dévolue, rend visible les indices permettant de l’arrêter. C’est apparemment ce qui s’est produit pour Augustin Philibert de Morteuil, jusqu ‘ici les assassinats étaient commis sur des personnes uniques. Le 16 Janvier 1766 puis le 3 Mars et enfin le 23 Avril, 3 jeunes filles disparaissent successivement. Joséphine Mulet 17 ans est la dernière, c’est elle qui dénoncera le Baron, elle racontera aux autorités comment rentrant un soir avec ses moutons, elle est apostrophée par le Baron à cheval qui lui demande de venir l’aider, elle suit le seigneur à l’intérieur du domaine de Morteuil jusqu’à une bâtisse semblant abandonnée. Arrivée à l’entrée, de ces anciennes écuries dont les ouvertures sont murées, elle entend soudain des gémissements et plaintes provenir de l’intérieur, la jeune fille va alors faire deux choses qui vont la sauver, au moment où le Baron est en train de poser pied à terre, elle se met à hurler, épouvantée par ce qu’elle comprend être l’antre du monstre assassin. Le cheval effrayé s’enfuit, entraînant le châtelain dont le pied est resté coincé dans l’étrier. Joséphine va alors courir jusqu’au village donner l’alerte.

Ici encore tous les historiens ne sont pas d’accord, si l’on s’en tient uniquement à la presse régionale de l’époque et aux multiples chroniques, il est vrai que les récits divergent, les écuries dans tous les cas ont servi à Augustin à commettre la plus grandes parties de ces crimes, on y déterrera d’ailleurs plusieurs dizaines de corps ou leurs fragments. La suite n’est que pures conjectures, on aurait retrouvé les 2 autres victimes dans des états effroyables, elles seraient toutes deux mortes par la suite, ou seulement une d’entre elles, l’autre se convertissant à la foi et prenant le voile. « Les écuries de satan » auraient été emplies de matériels de tortures que le Baron faisait venir de toute l’Europe, ce dernier serait devenu un expert bourreau, s’ingéniant à trouver des raffinements sans fin permettant de maintenir en vie le plus longtemps possible ses victimes dans des souffrances inouïes à l’abris de tous au fond de ses bois isolés.

La légende était née, à tel point qu’une importante littérature et même des pièces de théâtre furent écrites. Mais par la suite qu’en est-il de la réalité ? on sait qu’Augustin ne tenta pas de fuir, rien d’étonnant à cela puisque, à l’époque on embastillait les gentilshommes pour félonie ou atteinte au roi pas pour avoir tuer quelques gueux. De sources sûres, on sait que le Baron n’eut pas vraiment de procès, tout au plus une enquête et un interrogatoire ou le criminel fût très diserts ; ce qui permis de savoir ce que l’on sait aujourd’hui. Sur ordre de la cour, on exila le noble vers des terres lointaines avec un titre honorifique de Gouverneur. Des études complémentaires tendirent à montrer que les juges de l’époque commirent une capitainerie au courant des frasques du gouverneur sur les lieux de son exil, ces militaires au courant des attitudes meurtrières du Baron furent à son service tout en le surveillant de près, mais là encore ce sont des conjectures.

Quant aux biens confisqués par la royauté, ils ne permirent pas, loin s’en Faut, de renflouer les caisses de l’état, notre Baron étant bien plus doué pour l’assassinat que pour les affaires.

 

Capitaine Philippe Legoff




Aux archives de Rennes Philippe Gwenaël Legoff serait né au alentour de 1690 du marin Luc Legoff, pêcheur et occasionnellement « échoueur » raison de son incarcération à la prison du port de Saint Malo, la mère Gunégonde Charlotte Le Saëc était sans doute « une fille de joie » puisqu’elle aussi figure sur les registres des commissaires du port. Le jeune Gwenaël n’a sans doute pas eu le choix de sa profession puisque apparemment ce sont encore une fois les autorités de l’époque qui l’inscrivent très tôt au bataillon de Rennes, désengorgeant ainsi les orphelinats de la région, ou étaient placé les enfants des forçats ou illégitimes.

 

La carrière militaire de Philippe est dure à suivre, vu le peu d’élément trouvé, on peut néanmoins déduire que venu des basses couches il ne pouvait monter très haut dans la hiérarchie, c’est du moins une raison d’être très impressionné par le poste de Capitaine qu’il finit par obtenir à 40 ans, même si ce titre ne sera actif que dans les colonies. L’association de recherche sur les capitaineries Bretonnes ( ARCB ) a publié en 1995 un fascicule sur un ensemble très important de vieux recueils recensant « les faix portuaires et des mèrs et océans de Brestagne » où l’on retrouve cités à plusieurs reprises un « Gwenaël de feu, fils d’échoueur, pirate mais Chrestien de par luismêmes » on découvre ainsi un jeune Legoff aventureux qui aurait navigué jusqu’en Islande, échappé à deux naufrages « contre les cercueils de glaces ». Au Groenland il aurait commercé avec des « sauvages de la côte qui vivent dans la neige avec leurs loups apprivoisés ». La marine Anglaise se plaint à plusieurs reprises de « ces navires sois disant marchand se comportant à la limite de la piraterie et dirigé par moult Breton peu civilisé comme ce Gwenaël », de là à imaginer notre future Capitaine déjà capitaine de navire…

On pense retrouver sa trace vers l’age de 28 ans ou il apparaît sur des registres commerçant léguant ses avoirs et son navire, des commérages sont cités en marge expliquant que  « le sieur se serait vivement et à bas prix délesté de ce bateau et son contenu acquis de viles manières ».

Il s’installe finalement en Normandie, mais manifestement stérile n’arrive pas à garder la femme qu’il a épousé Huguette Monvalisard qui demande l’annulation du mariage. C’est à ce moment qu’il réintègre l’armée et s’engage pour les guerres méditerranéennes, ayant pris des contacts il va servir des comptoirs marchands dans de petites escouades militaires locales qui se chargeaient alors de la sécurité des convois maritimes (ivoires, épices, traite des noirs etc…) il finit semble-t-il par prendre la capitainerie d’un petit fort côtier dont la situation géographique n’a jamais vraiment été définis mais que l’on situe sois en Turquie sois sur les côtes africaines Atlantiques, cette information, très curieusement, vient d’une ordonnance Royale le désignant comme volontaire pour accompagner le Gouverneur de Morteuil. Cette ordonnance a été depuis relue par le collège d’historiens d’île et Vilaine, qui a mis en lumière le fait que ce document était moins une injonction qu’un fondé de pouvoir, ce qui ferait du Capitaine Legoff le supérieur hiérarchique du gouverneur de Morteuil.

Les recherches sur les Capitaineries occidentales n’ont jamais permis de savoir ou est enterré le capitaine Phillipe legoff.

Père Jules André de Catadrille et Yann Trévien.

La thèse de Jacques Hénin étudiant en histoire du 18e, archivée en 1978 aux presses universitaires de Caen section Histoire, fait état de plusieurs documents très intéressants qui éclairent la destiné du Père André et de l’un de ses enfant de chœur Yann Trévien.

 

Le Père Jules André de Catadrille après la fuite de Blanche fut sévèrement tancé par Antoine du Beau-Près et sans doute révoqué de l’île et de ses fonctions. Il tenait une paroisse et était le principal représentant de l’église sur l’île. Las Le comte avait apparemment d’importantes relations dans le haut clergé Vendéen et nous retrouvons le père André au monastère de la Rochelle où il réside 2 ans comme pensionnaire avant d’être rappelé à Paris où il va servir des  aumôneries secondaires.

 

Cette destitution n’est pas à mettre sur le compte de ses activités pédophiles qui, à l’époque, n’existent « en théorie » pas. Nous avons tout de même quelques traces de correspondances entre des dames de Paris se plaignant « des cours religieux qui fanent et font perdre appétit à mon enfant » et chez cette autre « de blessures intimes dont ma petite fille se plaint d’avoir contracté du curé » qui prouvent que l’homme d’église n’avait pas ralenti « ses forfaits ».

 

Les premiers procès condamnant des prêtres pédophiles datent des années 80 en plein XX ème siècle aux Etats-Unis, il est donc improbable que le père André ait été inquiété en quoique ce soit dans ses activités criminelles.

 

Il sera décapité sous la révolution pour collusion avec la noblesse, on sait l’aversion qu’éprouvaient les révolutionnaires pour l’église en général et les persécutions anti-cléricales furent monnaies courante durant cette période.

Jacques Hénin pourtant met en lumière un personnage qui va peser lourd dans la condamnation du prêtre. Ce dernier en effet n’occupait pas une place prépondérante dans le clergé, bien au contraire, il était relégué à des postes subalternes depuis sa destitution, ses relations avec la noblesse étaient quasiment inexistantes, ses « amies » de l’île l’ayant promptement oublié après sa révocation. C’était donc un moine anonyme dans un monastère aux portes de Paris.

Pourtant il eut droit à une arrestation d’exception. « La garde révolutionnaire des sans culottes conduite par le camarade Yann Trévier se rendit au lieu dit du « monastère de Gentilly » et procéda à l’arrestation de l’ancien curé de l’île » Hénin montre à partir de cette mention dans un registre de la police révolutionnaire que ce « Trévier » non seulement conduit l’arrestation de l’ancien prêtre mais instruit et fait partis du réquisitoire contre celui-ci. Dès lors quelques jours suffisent à condamner et exécuter le pédophile.

 

Qui est ce Yann Trévier ? Hénin retrace à force de déductions croisées et de quelques rares bribes historiques la vie de Trévier ou Yann Trévien, il n’a que 24 ans lorsqu’il s’attaque aux barricades de Paris et chargent les préfets. Il vient de Vendée et plus exactement d’une île au large des côtes, comme beaucoup de jeunes, il tente sa chance sur le continent, il va sans doute découvrir la rudesse de la vie des itinérants agricoles, l’injustice, la pauvreté et la famine qui vont composer pendant plusieurs années son quotidien. Il se rallie bien vite aux premiers soulèvements paysans, mais devant les massacres, les pillages et surtout la récupération que le clergé et la noblesse de l’époque vont faire de ces révoltes populaires, il déchante. Dès lors Jacques Hénin ne sait s’il monte sur Paris en suivant la trace du prêtre de son enfance dont il aurait retrouvé la piste en Vendée ou si c’est le hasard, une fois sur Paris qui le fait découvrir le prêtre caché et fomenter sa vengeance.

 

La thèse passionnante de Hénin nous décrit aussi un autre versant fascinant de la personnalité de Yann « l’amant caché ». Ce jeune paysan sans terre, sans attache et sans famille est un magnifique jeune homme, une série de lettres datées de 1785 à 1787 de la Comtesse Sophie Fabiès-Championnière à une amie parisienne la Baronne Eugénnière de Rocadine nous décrit un jeune amant fougueux, beau comme apollon et brave comme Persée, une autre correspondance, celle-ci de Rachel Amando-Pellissy lui déclame des poèmes dont le « beau ne pourra malheureusement jamais lire ne sachant. » Yann Trévien est-il juste un jeune amoureux fougueux ? ou un beau manipulateur ? quoi qu’il en soit, sans le sous, il va vivre aux crochets de belles galantes richissimes et souvent mariées, et toutes beaucoup plus âgées que lui. Hénin s’interroge ; ces aventures amoureuses dans les milieux riches en ont sans doute fait ce que l’on nomme aujourd’hui « un gigolo » mais au delà de l’aspect « opportuniste » tout cela lui a servi à monter sur la capitale et sans doute à intégrer les rangs d’une bourgeoisie manipulatrice de la révolution et… beaucoup plus certainement ; à retrouver le bourreau de son enfance.


Les traces Historiques

Le contexte Historique.

 

Le XVIIIe siècle proclama les droits de l’homme mais pas ceux de la femme.

 

Il est important de bien comprendre cette période et de la débarrasser des fantasmes humanistes actuels. En ce début de siècle « des lumières »,   la pensée issue de la religion chrétienne est toujours aussi misogyne, Eve a perdu l’humanité et les sciences sous couvert de naturalisme justifient l’avilissement de la femme : fragile, sensible, versatile, intellectuellement limitée, elle est le versant faible de l’homme. Si la révolution et la constitution ont défini les droits du citoyen, le droit de vote des femmes ne fut même pas mentionné, elle reste « une propriété de l’homme » cantonnée au foyer. L’esclavage quant à lui fut bel et bien abolis en 1789 en France, mais il faudra attendre le siècle suivant pour que les autres pays d’Europe suivent et le début du XXe siècle pour les colonies. Si les lois misogynes et esclavagistes ont fini par disparaître des pays modernes, nous ne pouvons pas en dire autant des idées, qui elles survivent et même renaissent de temps à autre…

 

 

Les Sources Historiques.

 

Plusieurs sources nous permettent de reconstituer approximativement l’histoire de Blanche Du Beauprés et de Toumaï (Toumaï signifie « espoir de vie » en langue gorane ou Toubou  en Afrique).

 

Ces sources ont été réunies pour la première fois dans les années 70 par une universitaire Française, Eve CARION, nous sommes alors encore en pleine période de contestation féministe, et le travail d’Eve porte sur le statut de la femme dans le monde et à travers l’histoire. Elle ne pourra malheureusement pas achever cette énorme étude, par contre elle tombe par hasard sur un échange de lettre datant probablement du milieu du XVIIIe siècle qui fait mention de l’aventure de Blanche, quelques lignes dans la correspondance d’une Parisiennes Lise de Bellefeu à une cousine qui vivait apparemment dans une île au large des côtes Françaises.

 

Cet indice va permettre à Eve de poursuivre ses recherches et de rassembler d’autres documents, qui ne permettront pas de situer avec exactitude les différents lieux ou vécue Blanche. Ainsi on ignore tout du couvent d’où viendrait la jeune mariée, on n’a jamais retrouvé aucun registre d’état civil faisant mention du mariage du Beauprès, l’île a été tantôt identifiée comme L’île d’Yeu (thèse Carion) tantôt comme l’île de Noirmoutier, l’île de Ré ou encore l’île d’Aix. Il y’eu aussi nombre de querelles d’expert à propos de l’origine de Toumaï, il est acquis aujourd’hui qu’il est sois ; originaire des Antilles Françaises ( aucune île n’a pu être situées précisément ici aussi) sois d’Afrique et non des Indes ou d’une colonie Ottomane.

 

On se souvient des polémiques qui ont eu court à propos de l’impossibilité de la présence sur le sol Français d’un esclave noir. Les uns arguant de la rareté extrême de document attestant de la présence d’Africain ( on connaît les transit des ports marchands Français ) pour nier l’existence même d’esclave Africain sur le territoire Français, les autres protestant justement de cette absence de document pour prouver à quel point les esclaves étaient méprisés, « moins que du bétail, ceux-ci n’eurent droit qu’à une inexistence proche de celle des pierres, méprisés, brimés et totalement isolés, la non-vie de ces êtres humains due être l’une des pires expériences de l’histoire de l’humanité » (extrait d’une interview d’Eve Carion en 1977 pour le journal « L ‘Espoir »).

 

C’est Yamina NEKAZ dans le cadre de sa thèse sur le racisme et les couples mixtes qui prouva en 1986 (nous sommes alors en pleine période de « crise des Banlieues’ ) qu’un Toumaï a été recherché par les Douaniers et Commissaires de sa majesté en compagnie d’une Noble Blanche Du Beauprès qu’il aurait soit : enlevée après avoir tué un ou plusieurs pêcheurs, soit : qu’elle aurait été elle-même la criminelle et qu’il n’ait été que son domestique. Yamina NEKAZ démontrera aussi qu’à l’époque, la «liaison amoureuse » de Blanche et Toumaï était tellement inconcevable qu’elle n’est pas notifiée dans les procès-verbaux, on parle d’une « maîstresse et son esclave » et non d’un couple illégitime en fuite.

 

La meilleure chronologie est celle qui a été établie par le groupe d’étude de La Rochelle en 1992, après la fuite de l’île, il semblerait qu’on ait trouvé plusieurs écrits et manuscrit, dont deux lettres de la maréchaussée de l’époque, qui font état vers 1760 du passage de la Frontière Italienne d’un couple recherché pour meurtre.

Dans les registres de la mairie d’un village côtier, une plainte atteste du vol d’un cheval par un couple dont « un sarrasin ».

D’autres traces plus hypothétiques font état de rapines de victuailles et vêtements par des couples ou « un homme à la peau noire » dans des périodes correspondantes.

Une diligence en provenance du Mans aurait croisé un chevalier noir satanique enlevant « une chrestienne terrorisée ».

Plus sérieux un document cacheté des soldats de sa majesté Française « aux nobles troupes Italiennes » transmet un mandat d’amené à propos de « Blanche du BeauPrès et de son serviteur Toumaï »

Le couple a donc passé la frontière des Alpes Italiennes du côté du lac de Côme, les recherches actuelles n’ont pas découvert d’autres données sérieuses.

 

Pour clore le chapitre sur les « traces historiques » nous ne pouvons ignorer l’énorme iconographie et les différentes « reliques » que certains chercheurs auraient découvert. De nombreux musées surtout dans les régions d’origine du couple (côtes Vendéennes et Basse Bretagne) proposent en effet  des dessins de Blanche, ses habits, ses lettres, plusieurs journaux intimes tous uniques (sic) des contrats de mariages Beauprès, des portraits d’elle et de ses contemporains, ( 2 portraits de Toumaï ! dont un exécuté par Blanche !)  mais aussi des affaires ayant appartenu à Toumaï, des statuettes africaines, son pagne (! ) une peau de lion et quelques pieds d’éléphant « tabouret ». Tout cela sort du cadre purement historique et rejoint le folklore, on connaît les pièces de théâtre en plein air, les poupées, t-shirt, porte-clef et autocollant que l'on peut acheter un peu partout dans les régions balnéaires Atlantiques Françaises.

Certains sociologues ont même souligné l’émergence dans certaines régions et à différentes époques de versions de Blanche et … « Thomas » en amant « blanc ».

 

La dimension politique.

 

La rareté des documents nous permet d’estimer que l’histoire de Toumaï et de Blanche fut relativement ignorée de leurs contemporains. À partir de ce postulat, deux écoles se sont toujours affrontées.

D’un côté les tenants d’une « anomalie historique » autrement dit, une exception d’une extrême rareté qui fait sens uniquement à la lumière de notre époque. Le XVIIIe siècle serait un siècle obscurantiste ou toutes les intolérances étaient normales et l’histoire de ce couple mixte tout au plus « une anomalie ».

 

De l’autre on rencontre les adeptes de « l’intemporalité » :  à toutes les époques l’intolérance et le racisme prennent place, fluctuant en fonction des lois, morales et normes du moment.

L’histoire de Blanche et Toumaï est alors brandie comme un symbole intemporel, et récupérée de nos jours à toutes les sauces politico culturelles. Les mouvements qui ce sont le plus appropriés cette histoire, on s’en doute, sont essentiellement de gauche à tendance humaniste anti-raciste et féministe.

 

Les contestataires, eux, sont, bien entendu, plutôt des courants politiquement situés à droite, voir à l’extrême droite, mais aussi des historiens neutres qui ont souligné l’aspect peu objectif et passionnel qui entoure toutes les études concernant l’histoire de Blanche et Toumaï.

 

On peut noter aussi les querelles de clocher qui ont opposé, par exemple Féministe et anti-racistes, chacun mettant en avant le sort moins envieux, et plus « grave » d’un des deux protagoniste du couple. Ces discussions ont culminé de manière un peu excessives fins 2001, on se souvient des articles par presses et forums interposés qui opposaient par exemple les chiffres des « esclaves noirs » opposé à ceux des « esclaves féminines » ou le nombre de noirs mort des suites de l’esclavage et le nombre de femmes décédées des suites de violences conjugales.

 

La récupération est toujours assez importante, on ne compte plus les associations « Toumaï » ou « Blanche » il y’eu même les partis politiques « Toumaï » au U.S qui prônait l’interdiction des mariages mixtes (sic) ils se sont d’ailleurs servi amplement de l’élection de Barack Obama pour appuyer leurs idées eugénistes pour la suprématie de l’homme noir. La fondation « Blanche et Toumaï » fondée en 1985 par Eve Carion et Juliette Liberté a été dissoute par ses fondatrices elles-mêmes en 2003 à cause de dérives du même ordre.

Le problème des couples mixtes étant toujours le même puisque la « perméabilité » est souvent « régie » par la morale et/ou les lois religieuses et ne marche que de manière univoque ; un homme a le droit de prendre une femme dans un autre groupe (ethnique, religieux, culturel etc. ) mais pas l’inverse. C’est ainsi que la « Fondation Blanche et Toumaï fut très vite « polluée » par des partisans masculins qui étaient pour la mixité des couples dans la mesure ou c’était l’homme qui était « promoteur ».

 

La couleur de peau, la religion, le sexe, sont quelques-unes des spécificités utilisées pour oublier qu’un humain est un humain.

 

Légendes.

 

Pour laisser ouvert le débat, nous nous devons ici de notifier quelques hypothèses récemment avancées par des historiens et chercheurs.

 

Le travail de Philippe Oloncourt qui part de l’hypothèse que le couple a pu parcourir de grandes distances après son passage en Italie n’a rien donné de probant en ce qui concerne les pistes Asiatiques et Proche Orientales. ses recherches ainsi que celle de Geneviève Sinard ont été un temps jugées aléatoires, à cette époque les long voyages étant exceptionnels. La rigueur que l’un et l’autre mettent dans leur recherche fait qu’il est très dur de connaître leurs hypothèses de travail.

 

Cependant début Septembre 2008 Geneviève Sinard avait confié dans un entretien au mensuel étudiant Faculté « Liberté » : « qu’elle et Oloncourt avait de manière quasi certaine retrouvée la trace du couple en fuite. » Que leurs déductions s’appuyaient simplement sur un raisonnement logique et surtout sur la découverte d’un document émanant d’une prison de l’époque. Aucun des deux chercheurs récemment consultés, n’a voulu compléter cette information.