Plusieurs légendes orales ont été retranscrites et compilées par le professeur Mohamed Amren et une équipes d’étudiants dans le cadre de leurs mémoires de fin d’année au sein de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Les chercheurs Français concernés par « l’histoire de Blanche et Toumaï » ont en effet été contactés voici quelques années par le professeur Amren et Reza Youssouf Moradil (décédé depuis) spécialistes de l’histoire Sénégalaise et plus particulièrement des coutumes et contes oraux du 17 et 19ème siècle. Un long travail de recherche couvrant une région géographique s’étendant de la Somalie à la Namibie, a mis en lumière une récurrence dans la transmission d’un mythe oral. Une histoire, toujours la même se transmet de tribus en traditions.
Ces légendes remontent toutes, au plus tard à une source « alpha » située vers la moitié du 18ème siècle et située au Sénégal. Nous sommes alors en pleine traite négrière sur la côte sénégalaise. On retrouve toujours la même typologie et une même armature stylistique et scénaristique : une jeune déesse commandant à des bêtes fauves porte secours à un homme. Les histoires les plus anciennes décrivent une jeune femme blonde et blanche à demi nue entourée de lions qui aurait aidé un esclave à s’enfuir.
Les variations autour de ce thème sont multiples, beaucoup de déesses sont « couleurs locales » de type sémites, noires, arabes, voir même berbères, habillées suivant la période et les modes d’un pagne, d’une toge ou de burqa. Elles commandent à une troupe d’animaux bigarrés qui pareillement s’adapte à la faune locale. Ainsi on retrouve des éléphants, girafes, antilopes, fauves, bien sûr mais aussi crocodiles et hippopotames dans l’aréopage de certaines comptines des plateaux centraux. Des versions avec des hyènes, des loups, des servals, des chats (en basse Egypte), une version originale des montagnes la place même à la tète d’une meute d’ours. Le recoupement avec les recherches du groupe d’étude de la Rochelle atteste que ces légendes sont inspirées par Blanche Du Beauprés et de Toumaï qui ont séjourné dans l’un des forts ou tout du moins dans un des comptoirs Sénégalais. Nous avons notamment l’équivalent d’une annotation concernant un procès verbal dans une copie d’un registre de port Louis parlant de la nécessité de retrouver « la fuyarde criminelle Blanche de Saint Ange mariée Beauprés enfuy du forts de Bonne Espérance qu’il nous en est démandést l’arrestation et l’écrouage de par l’ordonnance d’étiquette du gouverneur de la resgion. ».
Si la trace du couple est avéré de manière succincte par les trafiquants d’esclaves de l’époque, on peut être surpris de la tradition orale, tout à fait indépendante qui a manifestement frappé les esprits des peuples africains contemporain.
Selon le Professeur Amren, c’est le symbole puissant de ce conte qui a fait que la légende s’est développée.