Nous allons tenter de faire une synthèse résumée des diverses études historiques plus ou moins rigoureuses qui ont été faites depuis la moitié du XIXe siècle à propos de ce fascinant et inquiétant personnage, qualifié par certains de « psychopathe du 18e ».
Augustin naît le 13 Janvier 1714 dans les environs de l’actuelle ville de Salers de Béarn. Son père, le Baron Martial Antoine de Morteuil est l’homme le plus important de la région descendant d’une famille féodale qui règne sans partage sur la région, il détient l’exclusivité sur les productions agricoles et bovines des alentours et sa richesse est connue jusqu’à Versailles. « Il fait partie de cette Noblesse rugueuse aux ongles noirs qu’on moque à la cour mais que l’on respecte par l’argent sonnant. »
Sa mère, la Comtesse Elusine d’Hichenlisk est une descendante de l’illustre famille d’Autriche. Battue, violentée par son brutal époux, elle mourra alors qu’Augustin à 5 ans, emportée par une hémorragie interne due à une ultime crise de son épouvantable moitié. Ce dernier sera retrouvé pendu dans les bois couverts de fumier et de coups quelques années plus tard, sans doute torturé à mort par certains villageois ne supportant plus les brimades et autres droits de cuissage qu’il imposait encore aux jeunes mariés.
Une fois orphelin le jeune fils unique fut élevé par un précepteur mandaté par une obscure tante Parisienne.
Vers l’âge de 16 ans Augustin prend ses responsabilités au château ; et las, le personnel découvre qu’il est bien l’héritier de son père : tyrannique, méprisant, violent et insultant, il n’a de cesse de terrifier ses domestiques.
Les biographes s’entendent pour faire débuter officiellement l’activité criminelle du jeune notable avec l’assassinat atroce d’Aurélie Peuriet jeune fermière de 12 ans retrouvée nue, éventrée, dépecée et décapitée dans un bois. À l’époque, le jeune baron n’est pas inquiété.
On sait aujourd’hui que le jeune homme avait déjà montré des attitudes perverses et violentes avant ce prometteur début, notamment avec ses cousines. Une lettre du précepteur adressée à la tante en fait foi et un peu plus tard une voisine du château aurait aussi été « inquiétée » (archives judiciaires de Salers).
La région va donc connaître des années durant des crimes épouvantables : principalement de jeunes fermières retrouvées dans de macabres mises en scène en plein bois où dans des batisses isolées, mais aussi quelques jeunes garçons, des nouveaux-nés et un nombre impressionnant de disparus. Dans son étude très détaillée, l’étudiant américain passionné de « sérial killer » Andrew Nichols, tient un décompte précis et macabre. Selon ses recherches, le Baron : de 16 à 52 ans, date de son « arrestation » aura commis pas moins de 186 crimes ce qui ferait une moyenne de plus de 5 crimes par an, de nombreux chercheurs ont depuis émis des réserves sur ce qui est souvent considéré comme un travail d’adolescent « geek » passionné de macabre à défaut de rigueur scientifique. Il n’empêche que c’est le seul inventaire précis et détaillé que nous possédions à ce jour des activités du Baron criminel le « baron maudit ».
Le 27 Octobre 1766 un contingent de Cavaliers de la garde Royale arrive au château des Morteuil, contrairement aux premières enquêtes, on sait aujourd’hui que ce ne sont pas des soulèvements Béarnais contre le Baron maudit qui ont fait bouger les autorités Royales. Dans la région, les crimes étaient certes connus, mais à cette époque c’était au mieux « la bête du Béarn » au pire les sorcières ou les Bohémiens, il y’eu ainsi tout au long de ces 36 années maintes exécutions et pogroms contre tout ce que la populace considérait de nuisible et ayant à chaque fois comme prétexte ces odieux crimes.
Il faut rappeler qu’en cette deuxième moitié de siècle, la famine règne, les paysans et pauvres des villes, poussés à bout vont provoquer les crises que l’on connaît, crises, bien sur entretenues et dirigées par une bourgeoisie qui prendra le pouvoir à la noblesse. En attendant le roi est plutôt aux abois financièrement, le trésorier Royal ne sait où trouver des liquidités, on l’a vu plus haut le domaine de Morteuil à la réputation d’être riche. L’on pense aujourd’hui que le chahut de la région lié aux soupçons qui pèsent sur la culpabilité du Baron fut plus un prétexte que la véritable raison d’intervenir.
Le dernier crime fut un classique des criminels en série, si l’on en croit les experts qui se sont penchés sur ce cas, le sérial killer grisé par sa collection de crime et voulant que ses exploits soient enfin connus pour glaner la notoriété qui lui est légitimement dévolue, rend visible les indices permettant de l’arrêter. C’est apparemment ce qui s’est produit pour Augustin Philibert de Morteuil, jusqu ‘ici les assassinats étaient commis sur des personnes uniques. Le 16 Janvier 1766 puis le 3 Mars et enfin le 23 Avril, 3 jeunes filles disparaissent successivement. Joséphine Mulet 17 ans est la dernière, c’est elle qui dénoncera le Baron, elle racontera aux autorités comment rentrant un soir avec ses moutons, elle est apostrophée par le Baron à cheval qui lui demande de venir l’aider, elle suit le seigneur à l’intérieur du domaine de Morteuil jusqu’à une bâtisse semblant abandonnée. Arrivée à l’entrée, de ces anciennes écuries dont les ouvertures sont murées, elle entend soudain des gémissements et plaintes provenir de l’intérieur, la jeune fille va alors faire deux choses qui vont la sauver, au moment où le Baron est en train de poser pied à terre, elle se met à hurler, épouvantée par ce qu’elle comprend être l’antre du monstre assassin. Le cheval effrayé s’enfuit, entraînant le châtelain dont le pied est resté coincé dans l’étrier. Joséphine va alors courir jusqu’au village donner l’alerte.
Ici encore tous les historiens ne sont pas d’accord, si l’on s’en tient uniquement à la presse régionale de l’époque et aux multiples chroniques, il est vrai que les récits divergent, les écuries dans tous les cas ont servi à Augustin à commettre la plus grandes parties de ces crimes, on y déterrera d’ailleurs plusieurs dizaines de corps ou leurs fragments. La suite n’est que pures conjectures, on aurait retrouvé les 2 autres victimes dans des états effroyables, elles seraient toutes deux mortes par la suite, ou seulement une d’entre elles, l’autre se convertissant à la foi et prenant le voile. « Les écuries de satan » auraient été emplies de matériels de tortures que le Baron faisait venir de toute l’Europe, ce dernier serait devenu un expert bourreau, s’ingéniant à trouver des raffinements sans fin permettant de maintenir en vie le plus longtemps possible ses victimes dans des souffrances inouïes à l’abris de tous au fond de ses bois isolés.
La légende était née, à tel point qu’une importante littérature et même des pièces de théâtre furent écrites. Mais par la suite qu’en est-il de la réalité ? on sait qu’Augustin ne tenta pas de fuir, rien d’étonnant à cela puisque, à l’époque on embastillait les gentilshommes pour félonie ou atteinte au roi pas pour avoir tuer quelques gueux. De sources sûres, on sait que le Baron n’eut pas vraiment de procès, tout au plus une enquête et un interrogatoire ou le criminel fût très diserts ; ce qui permis de savoir ce que l’on sait aujourd’hui. Sur ordre de la cour, on exila le noble vers des terres lointaines avec un titre honorifique de Gouverneur. Des études complémentaires tendirent à montrer que les juges de l’époque commirent une capitainerie au courant des frasques du gouverneur sur les lieux de son exil, ces militaires au courant des attitudes meurtrières du Baron furent à son service tout en le surveillant de près, mais là encore ce sont des conjectures.
Quant aux biens confisqués par la royauté, ils ne permirent pas, loin s’en Faut, de renflouer les caisses de l’état, notre Baron étant bien plus doué pour l’assassinat que pour les affaires.
2 commentaires:
p'tain Pierre Bellemare, n'a qu'à bien se tenir ;)
Tiens, je vais en parler à un éditeur ça... publier en bd les histoires de Pierre Bellemare. Mieux que "plus belle la vie" en bd !
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